Moments clés de la scène artistique jamaïcaine : développement et histoire – Partie 3

Moments clés de la scène artistique jamaïcaine : développement et histoire – Partie 3

Écrit par Oneika Russel

Années 1970-80 : nouvelles institutions et collections d'art

L'éducation artistique s'est développée à partir de cours du soir offerts par un petit groupe d'artistes locaux jusqu'à la formalisation ultérieure par l'État sous le nom de Edna Manley College of the Visual & Performing Arts. Les diplômés du programme et d'autres qui avaient entrepris des études d'art à l'étranger réfléchissaient maintenant à ce à quoi pourrait ressembler l'art national.

La scène artistique jamaïcaine a parfois été critiquée pour l'agenda nationaliste dans son art et ses institutions artistiques et culturelles. Cependant, pour de nombreux artistes actifs entre les années 60 et 80, réécrire le récit de la colonisation et des cultures et identités érodées dans leur art était un moyen majeur de réaffirmer le potentiel et les possibilités des peuples de l'île loin de son histoire de servitude et de exploitation. C'était une façon d'égaliser et de mettre en valeur le mélange de cultures qui avait façonné la société.

Les artistes de l'époque étaient occupés à réfléchir sérieusement à ce que signifiait être un artiste en Jamaïque et dans les Caraïbes. Cette vague de pensée régénératrice faisait partie d'une renaissance à l'échelle des Caraïbes d'une nouvelle pensée et réflexion par des écrivains, des philosophes, des artistes, des musiciens, des décideurs et des politiciens.

La National Gallery of Jamaica, en tant qu'institution nouvellement créée, a commencé à affirmer les possibilités de formes d'art jamaïcaines authentiques. Des groupes d'artistes autodidactes de toute l'île ont été exposés sous le label "Intuitive". L'art intuitif s'apparentait à ce que d'autres cultures appelleraient l'art brut. Les Intuitifs ont été présentés comme les gardiens de l'expression visuelle jamaïcaine authentique. Ce mouvement a facilité un récit alternatif dans l'histoire croissante de l'art jamaïcain où une place a été faite pour les artistes autodidactes et qui travaillaient également principalement dans leurs communautés loin de la scène artistique.

                   L'art intuitif a joui d'un statut particulier en Jamaïque au cœur du marché de l'art des années 70 au début des années 2000 et s'est avéré un favori infaillible auprès des collectionneurs d'art jamaïcain. Des artistes tels que Kapo, Everald Brown et John Dunkley jouissent d'une popularité constante. Ce n'est pas différent de l'art mystique et naïf d'Haïti et de son effet profond sur les collectionneurs de niche du marché international de l'art. L'art intuitif ainsi que les artistes formés dont le travail a été exposé par la National Gallery au cours de cette période se sont également avérés être les favoris des collectionneurs locaux. George Rodney, David Pottinger, Seya Parboosingh, Milton George et Samere Tansley sont des exemples d'artistes qui jouissaient d'une popularité dans les collections nationales et privées.

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janvier 2022